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Hotel F1

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Cela faisait quelques années que je n’avais pas mis les pieds dans un hotel F1 (formule 1 du temps ou j’étais jeune et beau), et je dois dire que ce court séjour de deux nuits me laisse une impression presque indescriptible.

Quand j’étais petit, nous venions dans ces hotels avec mes parents pour faire des Week-Ends de vacances pas cher et découvrir du pays. Et petit, je n’avais pas remarqué tous ces détails qui me transportent.
Lors de mon arrivée à l’hotel, une file d’attente pas croyable patiente dans la bonne humeur pour obtenir le précieux sésame : un numéro de chambre et un code d’accès pour celle-ci !
Une fois mon precieux obtenu, me voici qui rentre dans la chambre, point de fioriture ici, un lit, un bureau, un lavabo et une TV qui semble avoir trop vécu. Tout d’ailleurs semble avoir trop vécu, de la moquette aux draps jusqu’a la fenetre qui ne ferme plus très bien.
Dans un hotel conventionnel, vous trouveriez surement près du lavabo de douces serviettes, des gobelets de plusieurs échantillons de savons en tout genre; pas la peine d’esperer ici, de simples serviettes aussi douce que la barbe de votre arrière grand-mère. Pas de gobelet, pas de savons, pas de programme TV, et d’ailleurs, pas de douche, baignoire ou toilettes dans votre chambre.
La chambre est une chambre. Dingue.

Face a mon bureau triangle, sur une chaise trop haute et inconfortable pour y passer plus d’une heure tout ici m’emballe et me donne une joie de vivre que trop rarement vécue. Mais comme cette chaise me casse le dos, je m’en vais continuer mon récit posé sur le lit.
Le lit. Vu de loin mon dos s’attendait à passer une nuit desastreuse, mais ce n’est pas le cas. Certes ce n’est pas le confort d’un hotel de luxe, mais cela vaut bien mieux que nombre d’autres hotels.

Mais parlons d’autres choses, ce qui fait selon moi la force et la magie de ces hotels : son public. Le mot public ne convient d’ailleurs pas tant les hôtes ici sont les acteurs de ces lieux.
Dans la chambre qui précède celle que j’occupe, la porte est grande ouverte tout comme la fenêtre et un bonhomme bien dans la cinquantaine laisse filer le temps devant la TV, torse nu, en alternant cigarettes et joints entre ses mains rèches. A ses pieds une bouteille de whisky le contemple. A moins que ce ne soit l’inverse.
La chambre suivant la « mienne » est elle aussi un régal : une famille entière semble en avoir pris possession et le caleçon règne en maitre en ces lieux. Ils mangent, certains assis sur le lit et d’autres par terre. Je ne sais pas d’ou ils viennent mais je ne comprends pas leur langue. Ma faute, tant pis, ce n’est pas avec eux que j’engagerais la discussion.
Je sors donc dehors, prendre l’air. Il fait une chaleur étouffante ici et je comprends pourquoi mes voisins de chambre tentent de faire un courant d’air (ce qui n’a d’ailleurs aucun succès).
Avant de sortir je croise le graal. Les sanitaires et les douches. En plein milieu du couloir, comme perdues au milieu attendant que le bourreau vienne faire son office.
Le plastique-moulé-posé dans ces véritables placards est impressionnant. Parler de confort serait un bien grand mot, mais finalement ces espaces assurent très bien leurs fonctions.
J’irais d’ailleurs prendre une douche après mon petit tour.
Il fait maintenant nuit, la chaleur étouffante d’une nuit remplace désormais le soleil de plomb qui régnait lors de mon arrivée.
Sur le parking, sous le porche trone deux tables. Ou plutot deux tables de picnic avec les bancs integrés. En bois. C’est beau. Si j’ai un jour j’ai un jardin, je voudrais avoir la place d’y placer un truc pareil sans qu’il prenne toute la place.
Sur les bancs, c’est un peu l’auberge espagnole.
Quatre hommes (j’ai envie de vous dire qu’ils sont noirs, qu’ils parlent une langue que je ne connais pas, mais une fois de plus je me sent con, donc tenons-nous en au fait qu’ils soient humains comme vous et moi) jouent aux dominos, un autre à l’air concentré avec son ordinateur, deux femmes semblent refaire le monde avec leurs vogues en bouche. Sur l’autre table l’ambiance est différentes, les enfants crient et les parents qui scrutent le plan de la région tentent malgré de prévoir un planning pour demain. Et il y a ce vieil homme, avec sa bière et son cigarillo le regard perdu. A quoi peut il bien penser ?
Il y a au loins d’autres gens, mais l’obscurité m’empeche de voir qui ils sont. La seule chose dont je suis sur c’est qu’ils sont commes nous : des etres de chairs remplis de sentiments. Et supportant mal la chaleur.
L’une des deux femmes me propose une cigarette. Je n’en ai pas envie, mais cette ouverture de la conversation me donne envie de m’assoir ce que je fais sans même y être invité. Et sans que cela ne choque personne.
Je me sent bien. Vivant, souriant, entouré de vies. Nous parlons de futulité, le temps qu’il fera demain et d’autres babioles autour du travail et la vie.
Pourquoi ne suis-je pas venu plus souvents dans ces hotels ? Pourquoi aller dormir au milieu du confort d’un hotel ou personne n’ose croiser le regard de son voisin et se depeche de vérouiller sa porte a clef sitôt celle-ci franchie ?
Il est maintenant l’heure pour moi d’aller me coucher, heureux comme jamais, en écoutant les discussions de mes voisins d’une nuit.
Ne changez rien pendant la nuit, je reviendrais.